VADER, KRISIUN, DYING FETUS, MONSTROSITY, DECAPITATED, HOUWITSER...

LA LOCOMOTIVE, PARIS LE 8/09/2002


Vader nous avait déjà fait le coup, il y a un an, de proposer un mini festival itinérant en embarquant plusieurs groupes plus ou moins jeunes ou expérimentés. Cette fois, l’affiche est conséquente et plutôt alléchante pour les fans de death de la capitale : Vader, Krisiun, Decapitated, Dying Fetus, Monstrosity, Decapitated, Houwitser, Intervalle Bizarre, et Prejudice, rien que ça ! avec 9 groupes, on peut bel et bien parler de festival, d’ailleurs La Loco semble avoir fait un effort conséquent pour ses horaires autrefois réputés ultra tardifs puisque la soirée débutait à 15 heures pétantes !

Prejudice (un groupe hollandais, enfin je crois) entame donc les hostilités, avec un death metal assez intéressant malgré le son encore brouillon : un mélange d’influences variées parsèment leurs compos, des passages mélodiques enchaînées à des parties brutales vraiment brutales ou plus groove (toujours très efficace dans un contexte live). En y rajoutant des musiciens motivés d’un niveau assez élevé pour capturer l’attention du public et une présence scénique pas des plus mauvaises, Prejudice fait figure de bonne découverte scénique, mais bon y a encore du boulot question originalité.

Suivait Intervalle Bizarre, dont j’ai complètement zappé la prestation, mais qui avait plutôt l’air d’être très bourrin d’après le peu que j’ai pu entendre.

Houwitser monte sur scène et on ne peut s’empêcher de sourire à la vue du chanteur cagoulé comme un gars du GIGN ou un terroriste corse (au choix). Malgré la présence de deux ex Sinister, j’ai pas été convaincu par leur set au forts relents deathcore, très linéaire pour pas dire très chiant, avec un son approximatif. Seul le public de la fosse a apprécié en slammant dans tous les sens. Ça ne manquait pas d’humour remarque, probablement tout ce que je retiens de ce set.

C’est le tour des ptits jeunes de Decapitated de se la donner, et on est tout de suite frappé par le niveau affiché pour leur jeune âge. Le chanteur manquait peut être un peu de coffre, mais le guitariste participait notablement du show et de la présence du groupe sur scène. Il débitait des riffs plutôt techniques mais répétitifs, tout comme le batteur : excellente performance individuelle et physique, mais ça manquait quelque peu de variations. Mais putaing, si tous les groupes de cet âge avait ce niveau…

Les choses sérieuses commencent avec Monstrosity, les vétérans floridiens. Un set pas mauvais, bien équilibré puisque piochant dans toutes les périodes du groupe. Imposants et charismatiques, les membres du groupe ont joué très carré et puissant, malgré un sentiment de manque d’une deuxième guitare pendant les solos. En dehors des reprises de Slayer et du premier morceau très accrocheur (« Destroying Divinity) le morceau le plus marquant du set a sans doute été « Imperial Doom », mais les extraits d’In Dark Purity ont aussi eu un bon impact sur le public. Mais ce n’était rien comparé à la traditionnelle reprise d’Angel Of Death. Si « Corpsegrinder » Fischer exécutait ce titre légendaire avec son propre charisme parvenant presque à faire oublier Tom Araya, ce n’était pas vraiment le cas de Jason Avery qui s’en sortait bien sans plus. Dans la fosse c’était hystérique, mais avec ce titre c’est presque de la triche…a suivit une autre reprise, cette fois « Raining Blood » visiblement improvisée à l’initiative du batteur, ce qui a achevé de rendre dingue le public, malgré un manque de chaleur et de communication entre le chanteur et le public. Dommage pour le groupe que ses morceaux n’aient pas autant cartonné !!!

Très attendu par une bonne partie du public, Dying Fetus a su répondre à ses attentes dans un set excellent, plutôt axé sur les albums récents mais qui a fait l’unanimité. Les parties techniques mélangées avec des passages plus hardcore pile poil pour faire décoller une fosse ont vraiment fait mouche, chaque musicien ayant en plus fait preuve de compétence et professionnalisme. Malgré la présence d’un seul guitariste (John Gallagher), le set n’en a pas souffert puisque la section rythmique était bien écrasante et carrée. En plus le chanteur a été un des seuls ce soir à parler de façon sympathique au public (qui le lui a bien rendu), ce qui contrastait agréablement avec la froideur et la prétention de celui de Monstrosity. Bref un très bon moment.

Krisiun débarque, et c’est parti pour plus d’une demi heure de pilonnage intensif et répétitif. On pouvait quelque part se demander l’intérêt de ce vulgaire étalage de puissance, c’est bien simple c’était vraiment trop. Le batteur est trop rapide, les solos sont trop techniques, le chanteur/bassiste est trop charismatique…trop de tout en fait…plus sérieusement, on avait la sensation d’assister non pas à un concert mais à une séance de musculation…le batteur ne lachait JAMAIS sa double grosse caisse, et après 4 minutes 30 de blasts non stop, il enchaîne un solo de fou sans temps mort, avant de repartir sur un autre morceau tout aussi rapide. Les mecs de Dying Fetus, pourtant pas des mickeys, étaient scotchés sur le côté de la scène devant ce qu’il faut bien appeler une performance. Nul doute que de ce point de vue, on a assisté au concert de l’année. Ces mecs sont de véritables machines au membres bioniques. Au niveau musical, les morceaux sont extrêmement linéaires et répétitifs, mais difficile d’en être autrement avec un style aussi rapide. S’ils mettaient plus de variations et de dynamique dans leur compos, comme sur le titre « Ageless Venomous » (le seul qui se démarquait du lot) avec un niveau aussi surhumain on pourrait surement avoir un des meilleurs groupes de la Terre, si seulement ils travaillaient leurs compos autant que leur technique…

Difficile pour Vader de passer après une déflagration pareille. Le public en a pris plein la gueule avec Krisiun et Dying Fetus et seuls les fidèles du groupe s’agglutinent devant la fosse. Festival oblige, Vader a joué un set très court (40 minutes à tout casser) piochant dans tous les albums ou presque (y en a tellement), Black to the Blind, Litany, Reign Forever World, le dernier et j’en passe. N’aimant pas Vader, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver leur set aussi linéaire et chiant que leurs albums. Ca n’a pas affecté les fans qui supportaient vraiment le groupe qui jouait avec son feeling à lui, et « Peter » Wiwczarek est quand même un grand frontman, qui n’oublie pas d’être convivial avec le public. Nettement moins impressionnant après Krisiun, le Doc a quand même joué carré et puissant comme d’hab’, tandis que le nouveau bassiste était beaucoup plus motivé et à l’aise que l’ancien. Avant le dernier morceau du set, Peter promet de revenir l’année prochaine avec un set plus long. C’était pas des mots en l’air pour les fans du groupe qui devaient être bien dégoutés d’être venus pour si peu, mais franchement c’était physiquement assez dur d’en endurer plus pour ce soir (il est 22h30). Bref, encore une belle soirée, marquante pour les groupes à l’affiche mais aussi pour l’ambiance typique des concerts de La Loco.

Torture Géniale