SUFFOCATION, DISGORGE, DEMENTOR, INSISION

Paris Locomotive 28/06/04


Honteux. Alors que le retour de Suffocation était plus qu’attendu depuis des années, nous étions à peine 200 à soutenir le groupe pour la date parisienne. Désertion pour cause de la date (un lundi soir) ? Public blasé, ou devenu trop accro à Internet pour bouger son cul dans sa ‘real life’ ? Concurrence déloyale du Fury ‘Starmania’ Fest qui s’était clôturé la veille ? Rumeurs d’annulation suite à la défection de Deicide ? peut être un peu de tout ça…C’est donc dans le sous sol qu’aura lieu la boucherie, car on peut le dire, c’était le concert de death à ne pas manquer de cette année…voire des 3 années précédentes…Résumé:

   

INSISION: prometteur sur disque…et apparemment aussi en live d’après les commentaires relevés sur place. Pas vu pour cause de retard chronique…

     

DISGORGE: c’est au beau milieu de leur set que je me pointe enfin, et là une vision de chaos s’offre à mes yeux, un des pogos les plus violents que j’ai vus qui s’étend sur toute la fosse, des slams hystériques, et un Disgorge complètement dingue en train de d’enchaîner ‘Revelations XVIII’ et ‘She Lay Gutted’ comme sur le disque. Le nouveau line up est impressionnant, entre le nouveau chanteur qui vomit ses tripes visiblement sans l’aide d’effets et un deuxième gratteux qui rend le son encore plus supra-heavy, le ton est donné…je ne saurais dire si Matti Way était réellement meilleur, comme c’était la première fois que je voyais et entendais Disgorge live. Mais le set est tellement brutal que c’en est irréel, les lights stroboscopiques renforçant encore cette impression, limite nausée par moments…dans le chaos de la fosse je parviens à reconnaître quelques extraits de Consume The Forsaken, mais ce sont quand même les vieux titres qui fonctionnent le mieux en live. Le set atteindra d’ailleurs son point culminant pendant l’apocalyptique ‘Womb Full Of Scabs’, sorte d’hymne gore avec son passage lent et groovy que tout le monde reprend en « chœur ». Puis rideau. Les mecs sont réellement sympas et restent discuter avec des fans, surtout Diego qui ne quittera pas le bord de la « scène » de tout le set de Suffocation.

  

DEMENTOR: alors que Disgorge leur laissait une salle chauffée à blanc, les Slovaques de Dementor réussissent à refroidir presque complètement le brasier. Il est clair que leur death metal presque atmosphérique n’avait pas sa place au milieu d’une affiche aussi brutale, mais ne nous voilons pas la face, Dementor n’est qu’un groupe de seconde zone qui est bien loin d’atteindre le degré d’intensité des maîtres Morbid Angel ou Immolation dont ils semblent se réclamer. Leur death pseudo satanique est carrément chiant et clichèsque, à l’image de leur présence scénique, malgré une bonne exécution et une carrière déjà conséquente (13 ans d’existence et 3 ou 4 albums, putain, mais comment ont-ils fait ???). Seuls quelques cools duels de guitares lead éveillent mon intérêt de temps en temps, pour le reste, à oublier.

           

SUFFOCATION: Après le set soporifique de Dementor, j’avais peur que l’ambiance se soit irréversiblement refroidie, mais en regardant autour de moi je me rends compte qu’il n’en est rien : nous sommes 200 motherfuckers à retenir notre souffle en attendant la déflagration. Tous les yeux sont rivés à la scène, sur laquelle les Suffocation sont tranquillement en train de se brancher et de faire une balance sommaire. Et d’un coup, le fauve est enfin lâché : les premiers accords de ‘Infecting The Crypts’ retentissent et quasi-instantanément, toute la fosse entre en fusion. Rarement j’ai pu voir un public se déchaîner d’un seul coup comme ça (peut être il y a 4 ans à Bercy, quand Slayer ouvrait pour Iron Maiden). Comme à Cephalic Carnage l’année dernière, tout le monde grimpe les escaliers devant la scène pour slammer, résultat, derrière on voit absolument que dalle. Un bordel totalement incontrôlable. Pendant ce temps, le groupe déchire tout, le son est incroyablement lourd et clair, même sans tenir compte des conditions sonores du sous sol de la Loco. L’exécution est puissante et ultra carrée. Les classiques sont présents, en vrac : ‘Breeding The Spawn’, ‘Torn Into Enthrallment’ (énorme), ‘Effigy Of The Forgotten’ («title track from the most brutal album ever », dixit Frank), ‘Mass Obliteration’, ‘Liege Of Inveracity’ (peut être le meilleur moment de la soirée), ‘Pierced From Within’, ‘Thrones Of Blood’, j’en oublie…les nouveaux morceaux ont fait leur effet, surtout ‘Deceit’ et ‘Immortally Condemned’, mais on aurait aimé entendre ‘Catatonia’, ‘Jesus Wept’, ou encore ‘Synthetically Revived’…mais il aurait fallu qu’ils jouent deux heures, ce qui fut loin d’être le cas…le groupe ne fera malheureusement pas de rappel malgré les acclamations du public qui, ce soir là, faisait autant de bruit que 1000 personnes dans les concerts parisiens habituels. Comme quoi tout arrive. Normal, on a tous eu conscience d’être des ptits happy few particulièrement heureux…à tel point que les mots nous manquaient à la sortie, au propre comme au figuré (extinction de voix partielle). Après avoir échangé quelques mots avec Diego de Disgorge et Frank Mullen (Suffocation est un groupe vraiment dispo pour ses fans et Frank est un des mecs les plus cools que j’ai vu dans le metal), je ressors en passant devant un stand de merchandising pillé et dévasté (comme il se doit), heureux d’avoir pu enfin assister au concert du groupe que j’ai le plus vénéré au côtés de Morbid Angel, Gorguts et Metallica.

Torture géniale                  

Photos par Planéte-Metal: http://www.planete-metal.fr.st
Sauf photos de SUFFOCATION par Carlos Olivier:
http://www.rafabasa.com