NILE, SINISTER, NO RETURN, MYRKSKOG, SCARVE.

Mardi 8 Octobre 2002, Paris, La Locomotive


A la vue d’une aussi belle affiche, les attentes de cette soirée étaient pour le moins élevées. Hélas, l’affluence record de Vader, Krisiun et co le mois dernier n’étaient plus qu’un souvenir ce soir…eh oui, en plein milieu de semaine d’octobre, les métalleux ont pour beaucoup repris le taf, la fac ou le lycée…en plus les groupes ont connu tout le long de la soirée des problèmes de son pourtant inhabituels dans cette salle, mais assez relous pour avoir souvent un peu gâché la fête.

Scarve commence donc son set peu après l’ouverture des portes. Pas prévu initialement (c’est Extomorf qui devait jouer en ouverture), les nancéens ont assuré un bon set bien carré, avec l’esprit bruitiste qui les caractérise, bien qu’il n’y avait pas grand monde. Voir deux chanteurs sur scène, aux registres opposés, est pour sur très original et un sacré plus pour la performance scénique. Les autres musiciens paraissaient plus en retrait mais on pouvait quand même noter la très bonne perf’ de leur excellent batteur.

Arrive Myrkskog, groupe norvégien peu connu chez nous, mais qui risque de ne plus l’être longtemps s’il nous balance des concerts comme celui là. Ce groupe de choc a fait un boucan indescriptible pour un trio, rien à jeter dans leur performance : le batteur puissant et carré, le bassiste excellent sur tous les plans, et le gratteux/chanteur vraiment impressionnant aussi. Riffs ultra speedés, solos virtuoses, voix d’outre tombe, jeu de scène convaincant, le tout dans un style très personnel. Surprise quand même, le groupe évolue maintenant dans un registre totalement death metal, alors qu’à ses débuts il était bien plus proche d’un Emperor plus brutal et  expérimental avec samples et boîtes à rythme techno. Mais on ne perd pas au change question puissance.

No Return, l’autre groupe frenchie de ce soir, parvient enfin à remplir la fosse quelque peu désertée jusqu’ici ce soir. Puisant sans vergogne dans les deux derniers albums pour une grosse majorité de leur set (les changements de line up n’y sont sûrement pas étrangers), No Return assure lui aussi un concert très carré et bien surpuissant avec un son un peu plus potable que pour les groupes précédents. Les samples et claviers se font assez discrets pour privilégier le côté le plus direct de leur thash/death à l’évidence taillé pour la scène. Se démarquaient les titres phares comme « Do Or Die », mais le set est homogène et plutôt convaincant, surtout avec un public qui se décide enfin à se bouger le cul. En guise d’outro, No Return balance une bonne reprise de « Secret Face » (Death), sur lequel on peut apprécier les influences de la nouvelle bassiste (très charmante au demeurant…). Bref un beau succès pour les Parisiens.

Evidemment attendu par le public, Sinister débarque et là, y avait de quoi faire la gueule : un gros larsen immonde et infra-grave sabote les trois premiers morceaux du groupe, qui avec un seul guitariste, a du mal à déployer toute la puissance qu’un groupe de cette stature mérite. Sinister ne joue que peu de morceaux de Creative Killings (« Bleeding Towards The Wendigo », le morceau titre, et un ou deux autres éparpillés au cours du set), préférant miser sur des classiques comme « Cross The Styx » et ainsi donner plus d’efficacité à la machine (sur 40 petites minutes, mieux vaut être efficace). Dans la fosse, c’était motivé, ça slamait, mais il manquait vraiment quelque chose : plus de monde en fait. Le son ne s’améliorera que très peu au fil du concert, et le volume est tellement faiblard qu’on pouvait s’entendre discuter pendant que le groupe jouait, sans avoir à hausser le ton. Quel dommage. La chanteuse Rachel a mené le show de main de maître, tant par son jeu de scène que par sa voix (bien plus impressionnante que sur l’album), et puis il faut bien avouer aussi qu’elle a du charme (je ne suis qu’un homme après tout). Dommage que le reste du groupe était souvent à l’ouest et pas carré, et on a pas eu droit à la fameuse cover de Possessed. Bref, belle déception, pour un concert qui s’annonçait fabuleux.

       

1h00 du mat’, Nile monte on stage, pour un gig très attendu tant le nouvel album déchaîne les passions (bonnes et mauvaises…). Evénement en soi, puisque jusqu’ici Nile n’avait joué en France qu’au Gibus, un lieu pour le moins ingrat comparé à l’ambiance grandiose que Nile développe sur scène. Mais ici à la Loco, sur une vraie scène, Nile pouvait enfin montrer pleinement de quoi il était capable. En début de set, le groupe se concentre surtout sur In Their Darkened Shrines, album pas encore tout à fait digéré par le public qui réclame plus les classiques. Le groupe est un peu nerveux à la présentation de ses nouveaux morceaux, en plus des incidents avec le gars de la sécurité (un gros blaireau pour dire les choses franchement) qui marquent une bonne demi heure du show, ce qui détourne un peu l’attention du public. Malchance encore, le groupe a des problèmes avec le PC qui gère les arrangements et intros, avec pour conséquence des longs silences entre les morceaux au début du set, bref l’ambiance peine à s’installer. Pendant ce temps, le nouveau bassiste chanteur assure comme il peut, et s’en sort plutôt bien grâce à sa puissance mais aussi sa bonne humeur (le point faible de Chief Spires, bien qu’il reste encore dans les mémoires, tellement c’était un excellent frontman). Le son s’est notablement amélioré par rapport aux autres groupes, et c’est Tony Laureano qui en profite le plus : son jeu déjà démentiel ressort ultra puissamment ce soir. Les deux gratteux ne sont pas en reste non plus et assurent (enfin surtout Dallas qui sort des putains de solos, et porte un tee shirt de Drowning ce soir là…coïncidence quand tu nous tiens !!!!!).
Malgré ça, le set reste assez statique un temps, mais lorsque le groupe daigne enfin lâcher les vieux titres, (et que le roadie se fait choper dans la fosse) la glace casse et ça explose enfin : et là, attention ça décape. « Ramses Bringer Of War » explose le public, un peu plus loin c’est « Howling of the Jinn », puis « The Black Flame », « Multitude of Foes », « Chapter for Transformation Into A Snake »…le public comme le groupe se lâche enfin, soulagé. A 1h55, Nile quitte la scène, se fait acclamer un peu avant de revenir pour un « Black Seeds Of Vengeance » furieux et repris en chœur par la fosse. Le rituel « Khetti Satha Shemsu » en guise d’outro, et voilà le rideau se referme. Nile n’a finalement pas déçu malgré les problèmes en début de set et le manque d’ambiance.

2h05, la salle se vide. La soirée a été bonne dans l’ensemble bien qu’inégale, avec ses découvertes (Myrkskog killer sur scène, No Return pas mal non plus), ses promesses tenues (Nile), ses déceptions (Sinister saboté, Scarve trop court, son pourri sur la majorité de la soirée, ambiance feutrée et surtout Rachel qui n’a pas souhaité approfondir notre intimité naissante, décidément...) C’était TG reporter, content quand même d’être ressorti en un morceau après une discussion plutôt animée avec les gars de Drowning !!! 

Torture Géniale