INTERVIEW POUR DARKMAG Webzine

 

1_ Hail ! Je me suis dis pour cette interview, que l'on ne parlait presque jamais des labels, que l'on ne s'y intéressait presque pas... La presse musicale et les auditeurs de metal extrême se concentrent essentiellement sur les groupes et leurs releases. Or les labels sont primordiaux ! Ils investissent l'argent que n'ont pas les groupes, font de la promo, etc : à votre avis, pourquoi interroge-t-on peu les labels ?

G : Peut-être car avec la dématérialisation de la musique, qu’avec l’utilisation massive de Mp3s, une bonne partie des auditeurs n’en ont plus rien à foutre! Ca n’a pas toujours été le cas : Avant l’utilisation massive d’Internet et le téléchargement à gogo, les labels avaient une position bien plus appréciée de la scène métal… Dans le contexte actuel, on aurait presque l’impression de faire chier le monde…

 

2_Vous écoutez du metal depuis un certain temps j'imagine ?

G : Depuis que j’ai 14 ans, ce qui fait environ 13 ans. Je suis passé par le hard rock en cherchant dans les disques de mon père (Alice cooper, Cactus, Led Zeppelin), puis par le métal via les magazines en kiosques (Sepultura, Slayer…) pour rapidement acheter des démos de groupes de Death métal archi inconnus! Les flyers aidant, tu te faisait rapidement une liste de contacts sympas et tu découvrais plus de groupes et de fanzines avec chaque nouvelle enveloppe! Depuis je continue de creuser des galeries dans ce qu’il reste du souterrain, en espérant qu’il ne s’effondre pas trop vite…  

 

3_Comment va la santé du label en ce moment ? Vous avez connu des périodes creuses et des hausses ou est-ce constant ? On gagne sa vie avec un label ???

G : Attends que je me marre ! C’est de plus en plus n’importe quoi, à moins de sortir des CD hyper pros, de groupes vendeurs, ou de jouer le gentil teckel qui répond à toutes les questions insipides de branleurs qui de toutes façon n’en ont rien à foutre (J’exagère à peine lol), tu ne vendra pas grand chose… Les gens ne cherchent plus à découvrir, ou à soutenir ce qui n’est pas totallement pro (Et n’a donc plus autant besoin de soutiens lol)… Tout ça pour dire que je ne sais pas ce que donneront les futures prods : Je ne prévois rien pour l’instant, et je m’occupe déjà de faire circuler ce que j’ai débuté il y a 1 ou 2 ans… Gagner sa vie avec un label underground ? Faut pas réver… A moins de faire compromis sur compromis, d’avoir le flair pour détecter les plans qui font mousser le compte bancaire, inutile d’y penser…

  

LES DECISIONS

4_Quand et pourquoi décide-t-on de produire ? Comment s'y prend-on ? En termes de ressources financières et matérielles, ça doit chiffrer non ?

G : On décide de produire quand on est assez plongé dans l’underground, et qu’on s’aperçois que des groupes bons, voir très bons, ne sont pas signés sur de plus gros labels pour différentes raisons… Certains groupes sont trop petits pour vendre correctement, n’ont pas fait beaucoup de promo, donc on se dit qu’en les boostant un bon coup ça permettrait de les faire passer au stade supérieur qui leur permettrait de trouver un label pour un premier album… Ca fonctionne parfois (Et ça fait plaisir). Au niveau de l’investissement, tout dépend du type de format et des buts promotionnels… Si tu veux vraiment faire circuler tes prods, il faut une distribution correcte, ce qui sous entend (A mon niveau) beaucoup d’échange avec l’étranger, et des envois promotionnels à buts chroniquatoires assez ‘intensifs’… Donc les frais de port font mal! Il faut pouvoir assurer sur la longueur, ce qui n’est pas évident…

 

5_Que vous dites-vous avant et après s'être lancé : « je ne devrais pas, y'a tellement de labels de metal » ou « j'ai bien fais ». Qu'est-ce qui justifie vos choix ?

G : Je n’ai pas décidé du jour au lendemain de créer un label… Ca s’est fait par échelon : D’abord le webzine, après des compiles pour soutenir des groupes qui me plaisaient, puis le échanges assez fournis m’ont forcés à faire une distro… Puis la « professionalisation » de l’ensemble m’a mené à sortir des prods plus sérieuses… Des questions c’est certain qu’on s’en pose un paquet, à beaucoup de niveaux, il y a pas mal d’enjeux et de risques, de peur que ça n’intéresse pas grand monde, que c’est quasi inévitable… A mon niveau, il n’y a pas beaucoup de labels underground ciblés death métal en France, donc je ne rencontre pas cette impression de ‘surpopulation’ mais d’un autre côté le death métal vend beaucoup moins que le black métal (Au niveau démos, on se compred), donc ça ne change rien au problème… Les justifications et motivations évoluent au fur et à mesure que le labels évolue et que tu t’adaptes…

 

6_Comment ne se casse-t-on pas la gueule ?

G : Je ne pourrais pas te répondre, car dans le contexte actuel (Le milieu change beaucoup, et il continue…), je n’en sais rien… Je me contente de continuer ce qui est en route, en faisant des paquets pour des potes et habitués… Pour la suite on verra…

 

7_Que doit faire un groupe pour que vous le produisiez ? Sur quels critères décidez-vous de prendre en main telle production ?

G : Le groupe doit non seulement me plaire, mais je doit être également convaincu qu’il puisse plaire à un nombre assez important de fans de Death métal… J’ai pu sortir sur pas mal de prods des groupes ayant quasiment le niveau d’un album, mais qui n’avaient pas de label pour différentes raisons, donc les choix restaient assez ‘faciles’… Quoique je me torturais régulièrement le crâne afin de savoir si le groupe me plairait encore 1 ou 2 ans plus tard (C’est primordial, comme j’imprime beaucoup plus de 200 jaquettes, j’en ai en général pour 2 ans…).

 

8_Comment décidez-vous du nombre de copies et du support de la production ?

G : Au début, je faisais le nombre de copies au fur et à mesure (Faisant des photocopies ça restait facile), par la suite j’ai décidé de faire la maximum absorbable par l’underground : Impression de 3000 jaquettes pros! On envoie la totale et on tartine les galeries jusqu’à épuisement !

 

9_Etes-vous spécialisés ou se pourrait-il un jour que nous vous voyions produire autre chose de plus exotiques (du zouk, du blues, du rap ahahah) ?

G : A la base je suis spécialisé Death metal… Par la suite j’ai sorti un peu de grind et de thrash metal… Mais bon, le tout n’est pas de vouloir s’écarter des styles définis à la base, il faudrait encore pouvoir faire circuler ces prods aux styles décalés : En effet au fur et à mesure de l’existence de ton label, tu te fais une collection de contacts assez ciblés sur un style, d’autres labels et distros qui peuvent faire circuler certains styles assez précis… Donc si tu sorts un trucs trop éloigné, tu risques d’avoir quelques problèmes pour faire circuler…

 

10_Vous auto-produisez-vous ? Ou vous préférez que d'autres investissent dans vos projets que vous-même ? Dans ce cas, pourquoi ?

G : Oui et non, j’ai sorti des démos de mon projet indus electro GLAUKOM SYNOD, mais pas via NIHILISTIC HOLOCAUST… Ca ne change quasiment rien, à part que c’est bien séparé de NIHILISTIC… Je trouve que c’est quand même plus facile de bosser sur une prod quand tu en es bien détaché, ça te permets de continuer à bourriner sur les trades ou la promo sans être vraiment influencé par tes états âmes quant aux retours chroniquatoires… Et comme tu as un avis plus objectif sur la musique d’un autre, peut-être que tu doutes moins quant au fait de bien tartiner les recoins du souterrain… D’un autre côté, il faut faire un minimum confiance en un autre label et être sur qu’il fasse son travail correctement… Pour conclure, je suis partagé.

 

LES GROUPES

11_On parle toujours de « tel groupe a signé chez » : mais signe-t-on vraiment un papier ? Les lois entrent-elles dans le processus de production ? Ou n'est-ce qu'un accord moral et tacite ?

G : Tout dépend du label… Au niveau d’un album, il y a générallement un contrat, quoique ce n’est pas toujours le cas… A mon niveau il n’y a jamais eu de contrat… Ca serait assez inutile comme je n’ai sorti que des tapes, CDr, et que les éventuels « bénéfices » étaient systématiquement réinvestis à la poste…

 

12_Quelle place laissez-vous aux groupes ? Font-ils tout ce qu'ils désirent ou exigez-vous d'eux quelques efforts avant d'être produits ?

G : Ils font ce qu’ils veulent, tant qu’ils répondent aux interviews assez rapidement (Pas toujours le cas) et qu’ils ne me chient pas dessus dans les interviews (AhAh)

 

13_Comment découvrez-vous de nouveaux groupes ? Myspace vous aide-t-il ou pas ?

G : Je ne découvre plus, je me fais envahir de groupes de merde soit disant ‘Death metal’ sur myspace… Je n’entend que du core à 2 francs, ou des trucs ou les mecs bourrés tappent sur des bidons de lessives… Myspace est utile, mais il faut savoir s’en servir, et il y a un côté « Myfriend » qui me pompe assez : A quoi bon être dans la friendlist de milliers de groupes si on ne peut pas communiquer avec?

 

14_Combien de temps cela prend-t-il une production ? De la réception du master jusqu'à sa mise sur le marché ?

G : Je n’ai jamais quantité, je faisait tout moi-même avec les moyens du bord… En général ça prend pas mal de temps, surtout quand tu bosses… Donc c’est préférable de préparer une prod durant des périodes de vacances ou de chômages, afin de bien voir la chose sous tous les angles sans rien oublier ! (Par exemple pour le mastering d’un split avec 3-4 groupes, faire des essais sur plusieurs chaînes Hi-Fi, car le son ne rend pas de la même façon d’un matériel à l’autre…)

 

15_Quels groupes rêvez-vous de produire ? Lesquels rêviez-vous de produire et que vous avez produit ? Que ressent-on alors ? Quels sont ceux que vous ne produirez jamais ?

G : A ce niveau j’arréte de réver, un label c’est trop la merde…

 

LA PROMOTION

16_Quelle place accordez-vous à la promo ? Est-ce un mal nécessaire ?  La critique était-elle juste un moyen de faire circuler les noms ou bien la critique est-elle également prise comme un avis important ?

G : La promotion est importante, c’est ce qui permet de faire circuler le nom des groupes, et donc de les faire grossir… La critique peut-être intéressante, quand elle existe (lol). Il faut prendre le temps de bien tout lire, et de remettre les chroniques dans leurs contextes (Et donc de lire plusieurs autres chros sur le site…) afin qu’elles prennent tous leurs sens… Donc ça demanderait pas mal de temps…

 

17_Comment informez-vous ? Internet uniquement ?

G : Non, j’ai une liste de numéros de téléphone et je courtise durant les heures de pause au taff… D’ailleurs le surveillant commence à me regarder d’un œil étrange, je vais devoir calmer le jeur…
Sérieusement, à la base je passais autant par Internet que par les voix classiques du souterrain : Les flyers par milliers, les échanges de courriers avec des zines retros anti-Internet, mais comme beaucoup moins de monde s’amuse à répondre aux courriers, la plupart est actuéllement ciblé sur le net… (En plus c’est gratuit)

 

LES AUTRES...

18_Quels labels admirez-vous le plus ou détestez-vous ? Que pensez-vous de la pullulation des labels ?

G : J’aime certaines périodes de certains labels, alors qu’ils étaient au top…
La pullulation risque de se calmer si les gens continuent de ne plus acheter grand chose… Les termes BLACK METAL GENOCIDE prendraient peut-être un autre sens Ah Ah!
C’est un sujet assez complexe qui peut se prendre dans tellement de sens, que je préfère ne pas mettre en route…

 

19_En quoi votre label serait différent des autres ?

G : A la base, dans le contexte pre Internet, mon label ne proposait rien de particulier dans la forme… Mais dans le contexte actuel, c’est sur que je me sent un peu seul avec mes CDr et K7s Death metal… Il y a peut-être le fait que sur la plupart des prods j’ai quasiment tout fait seul : Choix des groupes, mastering, dessin de pochette, layout, impressions, distribution, promotion, mais vu de l’extérieur ça ne fait pas tellement de différence avec un label comprenant plusieurs individus actifs…

 

20_Comment se construit le réseau ? Selon vous, quelles scènes sont les plus actives (européenne, asiatique, africaine...) ?

G : J’ai déjà répondu, espèce d’emmerdeur tu pourrais lire mes réponses avant de poser tes questions! Grrr!

 

21_Quels principes vous n'enfreindrez pas – qu'avez-vous vu chez les autres que vous ne reproduirez pas ? Avez-vous des principes ?

G : Non je n’ai plus de principes… De toutes façons, plus tu auras de principes, plus tu auras de chances de ne pas t’adapter aux desiratas d’une scène métal toujours plus exigeantes au niveau professionnalisme… Plus tu écouteras tes propres désirs et fantasmes, plus tu auras du mal à les faire circuler… Une seule solution : Faire un petit label bien ciblé sur le style en vogue actuellement, avec des groupes jouant le style bien convenu dans l’underground du moment, sans rien qui dépasse spécialement, mais avec quand même un petit côté provoc’ et true underground pour dire qu’on est quand même pas comme les autres… (Qui a dit que je visais la multitudes de labels true black métal ? loooooool)

 

QUESTIONS DIVERSES

22_Quel sens mettez-vous derrière le terme « underground » ?

G : Actuellement, underground signifie beaucoup moins de chose qu’il y a une paire d’années… En 2007 underground veut simplement dire quelque chose comme : Ensemble de passionnés de musique écoutant et soutenant des groupes plus ou moins autoproduits… On ne trouve plus le rattachement terrible et les émotions intense d’il y a 10 ans…

 

23_Comment voyez-vous les metalheads du moyen-orient et du Mahgreb ?

G : Ils ne sont pas nombreux au Mahgreb… Je sais que pas mal de métalleux Asiatiques, ou d’Amérique du sud, spécialement ceux vivant dans des pays moins favorisés que le France, sont bien cramés et à fond dans leur délire métal jusque à la mort… En quelque sorte, on retrouve l’état d’esprit métal des 80s et 90s.

 

24_L'actualité future, proche ou lointaine du label ?

G : Probablement rien.

 

25_Quels sont vos disques de chevet actuellement ?

G : En ce moment il n’y a pas un disque en particulier… Je passe chaque week end dans les boutiques d’occasions du coin, donc j’ai beaucoup de choses neuves à découvrir… Tu insistes ? Bon, du FRONT LINE ASSEMBLY, SUGAR CREEK et quelques vieux trucs…

 

26_Comment vous positionnez-vous face au téléchargement ? Est-ce la rançon de la gloire ? Ou une grande perte ?

G : Au niveau des labels, c’est une grosse perte…
Au niveau de l’auditeur, à première vue c’est un grand plus (L’accès très simple à de grosses quantités de musique, l’ouverture à de nombreux styles)… Mais je ne sais pas ce que ça donnera sur le moyen et long terme… Les mentalités changent tellement vite en ce moment…

 

27_Comment vous contacte-t-on ?

G : On ne me contacte plus, laissez moi tranquille !

 

28_Merci d'avoir répondu à ces nombreuses questions et d'avoir satisfait la curiosité de tous ! Les derniers mots sont pour vous !

G : Merci pour tes questions. Tu n’oublieras pas de me rendre le carton de poppers… Depuis le temps, j’espère qu’il en reste encore… Ah Ah!
Sinon, pas de conclusion totalement pro ou anti quoique ce soit…
L’underground change tellement que j’en reste assez dubitatif et confus… On verra ce que ça donne dans une paire d’années, si il y a moyen de faire mieux que de cliquer à répétition…