----------------------------------------------------------------
INDEX
                          INTERVIEWS                     GUESTBOOK
----------------------------------------------------------------
 

 


Salut, soldat du souterrain! Toi qui t'occupes d'un petit service de distribution de matériaux métalliques faits maisons, j'aurais quelques questions à te soumettre.

Salut à toi Gab et merci pour cette interview !

 

1. Présentes-nous assez brièvement ton petit service de distribution en sidérurgie plastique des grottes: Année de formation, styles de prédilection, (Eventuels) changements de noms etc...

Alors Ars Funebris Records a été créé en janvier 2006 par volonté d’exercer ma passion pour la musique d’une autre manière qu’en simple auditeur. Le style de prédilection est il est le vrai le black metal mais je ne souhaite pas être catalogué « label black metal », ni même label metal. Je cherche à produire tout ce qui touche à la musique extrême au sens large, donc ça passe forcément par le metal (beaucoup de black, un peu de death et prochainement du doom) mais aussi par l’ambiant, l’indus et le noise.

 

2. De quelle façon te procures tu le stock de ta distro? Des échanges? Des achats en gros? Ou d'autres moyens comme le dépôt vente? Quel est à ton avis le moyen le plus simple et efficace d’avoir un gros stock en un temps records?

Une grosse partie de ma distro provient de trades, surtout les tapes. Mais pour les vinyls et cds, n’ayant pas grand chose sous ce format à trader, je passe régulièrement par des wholesales mais je limite ce procédé au maximum, je préfère dépenser mon argent dans mes releases. Pour se faire un gros stock rapidement, avec le nombre de labels existant, c’est bien entendu le trade. Après, ça dépend de la manière dont chacun souhaite gérer son label, je ne cherche personnellement pas à avoir le plus d’articles possible en distro donc je limite quelque peu les trades.

 

3. Combien de commandes reçois-tu en moyenne chaque semaine, chaque mois? Une petite commande compterait combien d'articles à tes yeux? Combien pour une grosse commande? La plus grosse commande que tu ai jamais reçue pesait combien de kilos ou contenait combien d'articles? Et elle est partie dans quel pays? (Pour moi c'était chez un japonais). Quel est à ton avis le moyen le plus simple et efficace d’évacuer un gros stock en un temps records?

La fréquence des commandes est assez variée. Quand j’ai créé mon label, les commandes affluaient beaucoup, j’étais même un peu débordé. Entre temps ça c’est un peu calmé voire beaucoup (de l’ordre de 3-4 commandes dans le mois)  et ça se relance un peu depuis quelques semaines, notamment grâce à mes dernières sorties et je dois tourner en moyenne à 4-5 commandes par semaine, le fait que je vende également mes articles sur ebay jouant pas mal.
Pour moi, même un article reste une commande, je ne fais pas de commande minimum. Il est vrai que 75 % des commandes ne comportent pas plus de 3-4 articles (je dois dire que j’ai même beaucoup de commandes pour un seul article), les grosses commandes de près 10 articles sont assez rares et c’est la plupart du temps des personnes hors de France qui font ces grosses commandes (sans doute pour économiser en frais de ports).
Pour ma plus grosse commande, je ne me souviens pas du poids mais elle comportait pas loin de 20 articles et c’était pour la Malaisie.
Désolé je n’ai pas de secret miracle pour écouler rapidement du stock mais je pense que ebay, quoiqu’en dise bon nombre de personnes, et un bon moyen de vendre car ce site permet de toucher plus de personnes.

 

4. Quel style (Ou sous style) de musique vends tu principalement? Ta distro est-elle spécialisé dans ce segment métallique, ou la laisses tu prendre des tournants plus éclectiques au grès des microclimats, quitte à te retrouves avec des piles de CDs de styles qui marchent pas trop?

Ce que je vends le plus correspond à ce que je distribue le plus : du black metal. Et en effet, je vois qu’on a le même problème,  je distribue un peu de noise également, et c’est un style qui a assez peu d’initiés donc je reste avec mon stock, mais il me sert aussi pour faire des trades personnels. Sinon, je m’intéresse à d’autres styles de musique mais pour essayer de garder une certaine cohérence dans ma distro, je me limite au métal et au noise.

 

5. En général de quel pays arrivent les commandes? Plutôt la France, comme on y habite et que ça serait en théorie plus simple... Ou il y a aurait autant d'étrangers qui te harcèlent pour acquérir les disques tant convoités en engraissant la poste au passage ?

Je pensais au départ qu’en effet, mes commandes viendrait principalement de France mais je me rend compte que c’est faux, j’ai plus de commande venant de l’étranger que de France, de l’ordre du 60 % contre 40 % environ. Et comme je le disais précédemment, les frais de ports étant élevés (et ne cessant d’augmenter régulièrement), les commandes de l’étranger sont souvent plus grosses.

6. De quelle manière fais tu la pub de ta distro? Le collage en masse dans les forums? Les emails de masse? Les listes papiers? Penses-tu qu'à l'heure actuelle il soit possible de gérer une distro correctement sans avoir recours aux derniers moyens de commercialisation (Site web de type portal marchand, paypal, voir un site web ou Internet tout court...) tout en proposant des styles de musique qui ne sont pas particulièrement à la mode dans le milieu? En résumé, est-ce encore possible de faire une distro du fond de sa grotte, coupé du monde, en distribuant des styles actuellement non «commerciaux»?

C’est vrai que c’est un de mes défauts qu’il va falloir que je corrige, je rechigne beaucoup à faire de la promo. Je poste sur quelques forums en effet, mais guère plus. Je n’envoie pas ou peu de promos aux webzines, pas de newsletter par mail, je n’envoyais jusqu’à maintenant pas de flyers (ce qui est corrigé désormais !) et pourtant j’ai quand même régulièrement des commandes, je pense que le fait d’indiquer mon mail et website sur mes prods fait pas mal tourner mon nom. J’ai également un myspace mais je l’utilise plus pour être en contact avec des groupes que pour faire de la promo.
Je pense que dans la situation actuelle, à moins de ne pas être déjà reconnu (je pense notamment à DUKE qui n’a même pas de site ou de mail !), on peut difficilement se permettre de ne pas faire de promo, de ne pas avoir un shop sur son site, de ne pas utiliser les Myspace et autres, quand on est un jeune label comme moi, c’est assez suicidaire, surtout avec le nombre assez impressionnant de distros, mais heureusement certains arrivent à s’en sortir. Après, mon but n’est pas de devenir un gros label donc ma situation actuelle ne me dérange pas.

 

7. Es-tu satisfait de la façon dont avance ta distro? A quel niveau places-tu la satisfaction? As-tu été contraint de revoir tes exigences à la baisse depuis tes débuts, ou tout se passe plutôt comme tu l'entendais?

Je suis très satisfait de ce que j’ai pu faire jusqu’à maintenant avec mon label, je suis fier de mes prods même si elle ne plaisent pas à tout le monde, je suis content du chemin parcouru et j’ai maintenant beaucoup de contacts dans la scène. Là où je suis moins satisfait, c’est que ma situation professionnel est assez compliquée, ce qui fait que je suis obligé de me limiter en ce moment aux niveaux des prods (beaucoup de mal à sortir un cd pro), et ça risque malheureusement de durer un bout de temps, reprise des études oblige.

 

8. S'occuper d'une distro est parfois surprenant... On peut être confronté à des gens toujours plus "tatillons", ou simplement qui font "n'importe quoi"... As-tu une petite anecdote à nous offrir? (Comme le mec qui te passes un coup de fil 3 fois par semaine pour te raconter sa vie, te dire oh combien il fait beau dans son patelin, oh combien les vaches laitières y sont charmantes...)

Haha, non désolé pas d’anecdotes particulières de ce genre, j’ai eu peu de problèmes avec mes commandes, sauf de la casse à cause de la poste. Ce qui est plus chiant, c’est les personnes qui passent commande (donc toi, pour de pas être débordé, tu lui prépares) et qui finalement n’envoie pas l’argent et ne te préviens pas qu’il annule la commande.

 

9. Faire une distro proposant principalement des styles de musique underground, et donc pas spécialement vendeurs, est-il toujours synonyme "d'anti-commercial"? Par exemple les exigences du public et les derniers moyens techniques obligent pas mal de distros à se plier à des règles assez nombreuses, au détriment de la personnalité et d'une certaine liberté... Je soupçonne certaines distros "underground" de ne prendre en stock que ce qui se vendra bien, et facilement, sans effort particulier... Dans un sens je comprends cette démarche, car une distro qui ne vend pas ne sert pas à grand chose... Mais finalement que font-ils de plus que de la simple distribution de type hyper marché? La recherche et le soutiens de groupes moins connus (Mais pas forcément "invendables") sont-ils en quelque sorte passés à la trappe?

Ce que tu dis est vrai, c’est aujourd’hui difficile de ne distribuer que des groupes peu connus que tu aimes, les gens ne sont pas toujours curieux et préfère se tourner vers des valeurs sûres. Je pense que si tu veux que ta distro survive sans pour autant trahir ta ligne de conduite, il faut savoir faire un compromis et vendre aussi bien des groupes UG que tu souhaites soutenir que des groupes plus vendeurs. Mais pour autant, je ne distribuerais jamais un groupe que je n’aime pas du tout sous prétexte qu’il est vendeur. Comme tu dis, cette manière de faire tient plus du commerce pur et simple, or ce qui me motive dans mon label, c’est la passion pour cette musique, pas la thune.

 

10. Au niveau du déroulement des événements, tu prends les choses comme elles viennent, en attendant que des groupes te contactent ou que ça se fasse assez "automatiquement" via les courants torrentiels du souterrain, ou tu es plutôt du genre à anticiper ce qui viendra dans quelques mois, à faire des "grosses actions" comme un achat en prix de gros massif pendant quelques semaines, ou une massive réduction du stock via des soldes au raz des pâquerettes? J’ai remarqué qu’il y aurait en quelques sortes deux types de distros/ labels des grottes : Ceux qui attendent que ça vienne en espérant que les grondements du souterrain raisonneront assez, et ceux qui remuent un peu plus et tentent de forcer la main des courants pestilentiels… Bien sur, tout est fait de nuances, mais tu te situerais ou sur une échelle Actif/ Passif? Personnellement, je dirais que je laisse plus couler qu’avant, c’est plus « passif » en un sens, même si la quantité reste assez importante…

En fait, quand j’ai démarré mon label, j’étais en effet du genre très actif, j’achetais beaucoup en gros pour ma distro, je voulais avoir les dernières nouveautés et me faire un bon stock du coup j’enchaînais les grosses commandes, quitte à dépenser des fortunes. Maintenant, je suis plus comme toi, je fais des trades éparses et n’achète quasiment plus en gros. Je pense que je me remettrais à acheter en gros mais pour le moment, je souhaite déjà écouler un peu ce que j’ai en stock, mon appart est pas bien grand et ma distro occupe déjà beaucoup de place !

11. Il parait que vendre sur un stand durant les concerts marche pas mal, peut être plus que via les VPCs... Tu as essayé? Tes impressions négatives et positives?
Moi je l'ai tenté une fois et c'est dur de rester assis derrière le "troupeau" alors que le groupe joue et donc qu'on ne voit rien... Et certains mecs te posent beaucoup de questions à la fois ("Ca c'est bien?" "Et ça C'est bien?" "Ca c'est quoi?" "Et ça?? Et ça?? Et ça??" )... J'ai même du me faire chourrer une tape lol... Mais bon ça doit quand même porter ses fruits sur le moyen terme comme certains «distributeurs» continuent depuis des années... Mais sais-tu s'il faut un statut particulier pour se permettre d'installer ses petits cartons et son hamac dans le sous sol humide d'un café puant la bière? Si tu es fervent adeptes du petit marché métal, peut-être que tu t'installes même le dimanche matin dans des braderies? (Un mec dans ma région le fait, il vend pas mal de CDs metal, heavy, death, thrash d'occasion... Et ça a l’air d’aller…).

Je n’ai pas encore testé cette manière de vendre mais c’est plus faute de possibilité que de volonté car j’aimerais vraiment tenté l’expérience. Le problème est que dans ma ville (et région même), les concerts metal sont pas nombreux et les concerts de black metal encore moins (j’ai dû en recenser 3 ou 4 en 3 ans !). Amiens est plus une ville de « deatheux » que de « blackeux », le seul concert de black où je suis allé on devait être une quinzaine, les membres des groupes jouant y compris ! Mais je pense aussi que ça doit bien marché, mais pour mon cas faudrait que je me déplace assez loin et ça m’est difficile pour le moment. Par contre je n’écarte pas la possibilité un jour d’organiser des concerts, l’avenir nous le dira. Sinon, il ne faut pas avoir de status particulier, il suffit de voir avec les organisateurs du concert il me semble.

 

12. Je ne poserais pas de questions sur le Mp3, le téléchargement, car on connaît tous ce sujet par coeur... Mais quand même, dans le contexte actuel ou ça devient galère de vendre des disques (De façon assez "pure" dira-t-on), ou le nombre de potentiels acheteurs a tendance à réduire, ou le fait de faire une distro donne parfois l'étrange impression de "déranger", et bien d'autres... Qu'est-ce qui te motives à continuer? Simplement la passion? Ou tu es resté trop longtemps enchaîné à ta distro et tu n'arrives plus à t'en détacher? (Ah Ah). Si tu étais dans la position de commencer une distro, maintenant, en 2008, le ferais-tu malgré tout ou le contexte (Musical ou personnel?) serait devenu un peu trop chiant pour te laisser tenter par l’aventure?

C’est vrai que j’ai eu des phases de doutes mais je n’ai jamais eu l’intention d’arrêter mon label. Même les nombreuses critiques auxquelles j’ai eu droit aux débuts de m’ont jamais touché ni fait douter. C’est en effet la passion qui m’a poussé à commencer l’aventure et c’est elle qui me pousse à continuer. Et c’est vrai que je suis maintenant très attaché à mon label, ça m’emmerderais vraiment de le stopper après tout le chemin parcouru. La seule chose qui m’obligerais à arrêter serais le manque de moyen mais même dans ce cas, faudrait vraiment que je sois à la rue pour ça !
Si je devais commencer une distro aujourd’hui, je crois que j’attendrais d’avoir une meilleure situation professionnelle c’est vrai.

 

13. Sur les forums, je vois de plus en plus de listes de particulier qui vendent, échangent leurs CDs d'occasions... Parfois certains vont même un peu plus loin en distribuant quelques démos de groupes locaux, ou quelques CDs de labels étrangers qu'ils aiment... D'ou ma question: A partir de quel moment ça devient une distro à ton avis? C'est une question de quantité? De ventes? De régularité?

Oui j’ai vu ça aussi et j’ai moi même une liste de vente/trade que je poste régulièrement et je pense d’ailleurs mettre mes items perso dans ma liste de distro en « second hand ». Je pense qu’on devient une distro à partir du moment où on se trouve un nom de distro et qu’on se déclare comme tel. Sinon, ça reste juste du business entre particulier.

 

14. Tu dois peut être distribuer des articles complètement faits maison (D.I.Y. comme on disait avant), comme des casettes à copier ou des CDr à copier envoyés avec une cinquantaine de jaquettes... Combien de temps celà te prends-t-il? Certaines cassettes demandent un minimum d'investissement, de la copie à partir du master CDr, au découpage de la jaquette (Car elle est trop large ou qu'il reste du blanc...Quand le monsieur xXx n'a pas eu le temps), pliage de cette jaquette pour qu'elle rentre dans sa boite, puis découpage et gluage des stickers pour les coller sur les tapes... Au bout de quelques tapes, on arrive quand même à un petit bout de temps...
Alors ça te plait de préparer tous ces articles comme il faut, de bien tout calibrer avec tes petites mains pour que tout soit parfait au moment final de la réception du colis par le «client», en quelques sortes tu deviendrais heureux possesseur d'un kit du petit bricoleur des métaux rares et souterrains, fier comme un gamin avec son kit du petit chimiste!!.. Ou tu n'en as plus rien à foutre comme ça te saoule trop et que tu préfères passer ton temps à des choses plus importantes, alors tu préfères les CDs pros et les pro-tapes bien proprettes… ?

C’est vrai que faire les tapes prends beaucoup de temps, comme tu dis faut enregistrer, mettre les covers et parfois, c’est taillé trop grand donc faut recouper, etc…Pour le moment, ça ne me dérange pas de faire ça, je dirais même que c’est plutôt sympa de faire tout soi-même, ça fait un peu artisan en effet, je fais souvent mes tapes/Cd-R à l’avance comme ça quand j’ai des commandes je peux les envoyer plus rapidement. Tant que j’ai pas trop de commande à la fois ça va, mais je préfère de loin cette manière de faire plutôt que d’envoyer des pros tapes toute faîtes (j’en ai d’ailleurs sorti/distribué aucune pour le moment).

 

15. As-tu déjà voulu distribuer d'autres styles de musique, ou des articles un peu différents qui n'étaient pas spécialement musicaux? (Comme des magazines, bandes dessinées, fringues gothiques, gadgets plus ou moins sexuels ou autres?) Tu l'as peut-être même tenté... Dans ce cas comment ça s'est passé?

Non, je n’ai jamais pensé me diversifier, je préfère garder une certaine cohérence dans ma distro. Même si musicalement j’écoute des trucs très différents, je distribuerais toujours que de la musique extrême, un peu de merchandising et de fanzines mais ça s’arrête là.

 

16. Qu'est-ce que t'a apporté la distro? (Hormis les piles de CDs et de K7s dans ta piaule, bien sur).

Je pense que cela a changé mon regard sur la scène metal actuelle (en bien comme en mal), j’y ai appris beaucoup, j’ai maintenant beaucoup de contacts et d’un point de vue purement personnel, m’a réellement donné l’envie de bosser dans le commerce malheureusement c’est pas possible pour le moment mais je perds pas l’espoir d’ouvrir un jour une boutique. Qui vivra verra !

 

17. Qu'est-ce qui te ferais très plaisir au niveau de la distro? Quels sont tes futurs projets distroïfiés? Merci pour tes réponses...

Au niveau de la distro, je ne souhaite rien en particulier. Elle est certes pas très grande quantitativement parlant mais ça me va, je ne souhaite pas avoir des milliers d’items, je sélectionne ce que j’aime sans me poser de question.
Au niveau de mon label, comme je l’ai dit, plus de cd pros et des vinyls, ça serait le pied, j’espère que ça sera possible dans un avenir proche.

Pour finir, merci à toi pour cette interview (ma toute première, enfin le début de la consécration tant méritée!) vraiment intéressante et originale, bonne chance avec ta distro et bonne continuation !

 

Site Web: http://www.everyoneweb.fr/arsfunebris

 

 

>